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20/02/2022

Joseph Joubert, Carnets, II

   

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— Et qui n’aiment ce qui est bien que lorsque cela exprime ce qu’ils pensent.

 

Tous ces écrits dont il ne reste, comme du spectacle d’un ruisseau (roulant quelques eaux claires sur de petits cailloux) que le souvenir des mots qui ont fui.

 

À quelle quantité peut s’élever le nombre de bons livres qu’on peut faire dans une langue ?

 

Voir du monde, c’est juger les juges.

 

Tous les beaux mots sont dans la langue. Il faut savoir les y trouver.

 

 

Joseph Joubert, Carnets, II, Gallimard, 1994, p. 44, 44, 50, 54, 55.

19/02/2022

Joseph Joubert, Carnets, II

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Écrire avec l’esprit et la pensée. Ce qui est écrit ainsi paraît d’abord plus lumineux.

 

Montesquieu : il dictait ce qu’il se souvenait d’avoir pensé. Ainsi, tous ces menus remplissages qui font plaisir à la lecture, mais dont la mémoire fait peu de cas ne se trouvent point dans ses écrits.

 

« L’art est de cacher l’art » Oui, dans tout ce qui doit ressembler à la nature. Mais n’est-il rien qui doive ressembler à l’art et par conséquent le montrer ?

 

            

Mes idées ! C’est la maison pour les loger qui me coûte à bâtir.

 

— et combien de bonnes idées viennent dans un grenier à rats — quand il fait mauvais temps.

 

Joseph Joubert, Carnets, II, Gallimard, 1994, p. 33, 34, 36, 37, 43.

23/06/2021

Jean-Claude Pirotte, Le promenoir magique

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que la ville au soleil s’éveille ou se rendorme

on entend sur les seuils les ombres des défunts

timides murmurer que la beauté des mortes

comme la dentelle est dans la graine du lin

 

nous ne saurons jamais de quels cris étouffés

nous naissons à la mort dans nos rêves de lymphes

ou de quels souvenirs nos lendemains sont faits

ni de quels crimes nos mains nues gardent l’empreinte

 

et saurons-nous jamais quel souffle nous emporte

ou quel trouble désir de futures étreintes

mènent nos jours éteints vers des nuits où les mortes

infidèles sans fin vivent leurs amours feintes

 

                                            (lisant joubert)

 

Jean-Claude Pirotte, Le promenoir magique,

La Table ronde, 2012, p. 773 .

30/04/2021

Joseph Joubert, Carnets, I

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Il y en a à qui il faudrait conseiller la folie.

 

Crédulité. Plus difficile à dissuader qu’à persuader, et plus facile à tromper qu’à détromper.

 

Semblables à ces jeunes gens qui, au lieu de chercher à comprendre, cherchent à juger.

 

Comment l’ignorance est un lien entre les hommes. La politique doit s’en servir.

 

Qui ne sait pas se taire n’obtient point d’ascendant.

  

Joseph Joubert, Carnets, I, Gallimard, 1994, p. 282, 282, 283, 285, 285, 289, 290, 292, 294, 297.

29/04/2021

Joseph Joubert, Carnets

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Tout passé est si court !

 

Laissons dire et laissons croire à l’orgueil humain ; il a besoin de ses phantasmes.

 

Pour être avare, il ne faut que la paresse, l’inaction. C’est pour cela que l’avarice est contagieuse.

 

Méthode d’enseigner en usage. Pour la commodité des maîtres et non pour celle des élèves.

 

Ces savoirs où l’esprit s’embourbe. Il en sort terrestre et fangeux, chargé de limon.

 

Joseph Joubert, Carnets, I, Gallimard, 1994, p. 282, 282, 283, 285, 285.

03/02/2021

Josseph Joubert, Correspondance générale

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          À Chateaubriand, septembre 1819

 

      1. Maillet-Lacoste, vrai métromane en prose et en vers et qui est l’homme du monde le plus capable de bien écrire s’il ne voulait pas écrire trop bien et s’il pouvait quelquefois s’occuper d’autre chose que de ce qu’il écrit ; M. Maillet-Lacoste, qui sera jeune jusqu’à cent ans et qui est le meilleur, le plus sensé, le plus honnête, le plus incorruptible et le plus naïf de tous les jeunes gens de tout âge, mais qui donne, par ses manières, un air de théâtre à sa candeur même, parce que sa chevelure hérissée, ses attitudes et le son même de sa voix se ressentent des habitudes qu’il a prises sur le trépied où il est sans cesse monté, quand il est seul, et d’où il ne descend guère, quand il ne l’est pas ; M. Maillet, à qui il ne manque que de la paresse, du relâche et de la détente de tête pour travailler admirablement et avec facilité et qui a travaillé avec autant d’éloquence que de courage, il y a vingt ans, contre la tyrannie du temps, comme l’attestent des opuscules que je vous ai remis, il y a dix ans, un exemplaire qui vous aurait fait connaître son mérite moral, politique et littéraire, si vous l’aviez lu, et que vous n’avez pas lu, parce que, occupé comme vous l’êtes, vous ne lisez rien, et je crois que vous faites bien, par une exception et une prérogative qui n’appartiennent qu’à vous ; (...) M. Maillet qui, avec les plus hautes, mais les plus innocentes prétentions, met à ses fonctions absurdes de professeur autant d’importance que s’il n’était qu’un sot et qui en remplit tous les devoirs avec la conscience et le dévouement d’un Rollin ; M. Maillet, qui excelle à tout enseigner, qui enseigne tout ce qu’on veut, depuis le rudiment jusqu’à l’arithmétique, en passant par tous les degrés intermédiaires, humanités, rhétorique et philosophie ; (...)

         

Joseph Joubert, Correspondance générale, III, édition Rémi Tessonneau, Art et arts, William Blake and Co, 1996, p. 64-65.

22/05/2020

Joseph Joubert, Carnets, II

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Conservons un peu d’ignorance, pour conserver un peu de modestie et de déférence à autrui.

 

Les subtilités modernes n’ont de la vogue que parce qu’on a oublié les subtilités anciennes.

 

Tous ceux qui écrivent ne font pas un ouvrage ni tous ceux qui parlent un discours.

 

Je, d’où, où, pour, comment ; c’est toute la philosophie : l’existence, l’origine, le lieu, la fin et les moyens ou les devoirs.

 

Joseph Joubert, Carnets II, Gallimard, 1994, p. 315, 325, 329, 338.

31/03/2020

Joseph Joubert, Carnets, I

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L’imagination est le goût. La raison est sans appétits : la vérité et la justesse lui suffisent.

 

Le papier est patient, mais le lecteur ne l’est pas.

 

Tout ce qui est très plaisant a quelque exagération et contient nécessairement une vérité défigurée.

 

Les animaux aiment ceux qui leur parlent.

 

Le châtiment de ceux qui ont trop aimé les femmes est de les aimer toujours.

 

Joseph Joubert, Carnets, I, Gallimard, 1938, 1994, p. 271, 272, 273, 274, 278.

15/09/2019

Joseph Joubert, Carnets, II

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Pour bien présider un corps d’hommes médiocres et mobiles, il faut être mobile et médiocre comme eux.

 

Il vaut mieux être voyant que dialecticien ou tâtonneur.

 

Virgile n’eût été, au temps de Numa, qu’un villageois joueur de chalumeau.

 

Pour bien faire, il faut oublier qu’on est vieux quand on est vieux et ne pas trop sentir qu’on est jeune quand on est jeune.

 

Joseph Joubert, Carnets, II, Gallimard, 1994, p. 462, 481, 483, 491.

21/03/2019

Joseph Joubert, Carnets, I

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C’est le genre humain en corps qui invente les arts. Tous sont fils des expériences que les sociétés se sont transmises et des besoins communs à tous.

 

Les célèbres, les illustres parmi nous sont ceux qui excellent, non pas dans quelque science, mais dans quelque science à la mode.

 

Ils aiment mieux qu’on le leur donne à croire qu’à comprendre.

 

Enfants. Ont plus besoin de modèles que de critiques.

 

 Joseph Joubert, Carnets, I, Gallimard, 1994, p. 258, 270, 325, 332.

26/09/2018

Joseph Joubert, Carnets, I

 

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Ce ne sont pas les faits, mais les bruits qui causent les émotions populaires. Ce qui est cru fait tout.

 

On affuble vite sa pensée du premier mot qui se présente et l’on marche en avant.

 

Vous ne semez là que des ronces. Elles porteront des épines.

 

Prophétiser et poétiser, unum et idem.

 

L’histoire est bonne à oublier ; c’est pour cela qu’elle est bonne à savoir.

 

Joseph Joubert, Carnets I, Gallimard, 1994, p ; 125, 131, 137, 144, 149.

 

13/03/2018

Joseph Joubert, Carnets, I

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On aime qu’une fois, disent les chansons : c’est-à-dire qu’il n’y a qu’un seul âge qui soit véritablement propre à l’amour.

 

Entendez-vous ceux qui se taisent ?

 

Par le souvenir, on remonte le temps, par l’oubli on en suit le cours.

 

Nous sommes, dans le monde, ce que sont les mots dans un livre. Chaque génération en est comme une ligne, une phrase.

 

C’est ici le désert. Dans ce silence, tout me parle : et dans votre bruit tout se tait.

 

Joseph Joubert, Carnets, I, Gallimard, 1994, p. 110, 130, 135, 139, 155.

 

 

                           Le retour

 

Joseph Joubert, Carnets, I, aimer, souvenir, oubli, mot, désert

16/01/2018

Joseph Joubert, Carnets II

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Ces esprits secs qui n’ont besoin que de doctrines ou de sèches pensées.

 

Pourquoi, disait-on à la pierre, offres-tu si peu de poli ? C’est que je ne suis pas du marbre.

 

De ce qui est théâtral dans la vie, dans les discours, dans les actions, dans les pensées.

 

L’esprit militaire est un esprit favorable à la bougrerie.

 

Tout vieillit, même l’estime, si on n’y prend garde.

 

Joseph Joubert, Carnets, II, Gallimard, 1994, p. 409, 419, 422, 424, 426.

 

Publication en janvier 2018 :

PAPILLES  n° 48  AU RESTAURANT

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17/12/2017

Joseph Joubert, Carnets, I

 

                                                   joseph joubert,carnets,i,amitié,livre,peuple,savoir,pensée

  Le seul moyen d'avoir des amis, c'est de tout jeter par les fenêtres, de n'enfermer rien et de ne jamais savoir où l'on couchera le soir.

 

   On ne devrait écrire ce qu'on sent qu'après un long repos de l'âme. Il ne faut pas s'exprimer comme on sent, mais comme on se souvient.

 

   Enseigner, c'est apprendre deux fois.

 

   Ceux qui n'ont à s'occuper ni de leurs plaisirs ni de leurs besoins sont à plaindre.

 

   Les enfants veulent toujours regarder derrière les miroirs.

 

   Aux médiocres il faut des livres médiocres.

 

   Les uns disent bâton merdeux, les autres fagot d'épines.

 

   L'un aime à dire ce qu'il sait, l'autre à dire ce qu'il pense.

 

   Évitez d'acheter un livre fermé.

 

   Ce monde me paraît un tourbillon habité par un peuple à qui la tête tourne.

 

Joseph Joubert, Carnets, I, textes recueillis par André Beaunier, avant-propos de J.P. Corsetti, préface de Mme A. Beaunier et A. Bellesort, Gallimard, 1994 [1938], p. 73, 79, 143, 143, 161, 165, 172, 176, 183, 183, 211.

08/10/2017

Joseph Joubert, Carnets, II

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17 juin 1812

N’ayant rien trouvé qui valut mieux que le vide, il laisse l’espace vacant.

 

2 juillet

L’indifférence donne un faux air de supériorité.

 

29 juillet

Quand on a trop craint ce qui arrive, on finit par éprouver quelque soulagement lorsque cela est arrivé.

 

4 août

Tout ce qui a l’air antique est beau, tout ce qui a l’air vieux ne l’est pas.

 

Joseph Joubert, Carnets, II, Gallimard, 1994, p. 355, 357, 359, 360,